Bataille culturelle ! C’était le thème de la 2ème convention nationale Culture tenue en décembre, à l’initiative de la commission nationale du PCF. Centrée sur les arts et l’éducation populaire, elle succédait à celle de 2018 intitulée « Culture en force » à laquelle avaient participé nombre d’acteurs culturels éminents après les « États généraux de la culture » initiés par Jack Ralite. Le mot d’ordre alors était : « la culture se porte bien pourvu qu’on la sauve ! ».
Le danger s’est accru aujourd’hui dans la guerre idéologique menée par l’extrême-droite, au-delà d’une politique gouvernementale ultra-libérale peu soucieuse des créateurs, comme l’a rappelé Pierre Dharéville en introduction, soulignant les enjeux humains liés à une culture vivante aujourd’hui en butte à la marchandisation croissante et aux menaces représentées par l’utilisation de l’intelligence artificielle.
Quelle bataille pour une culture émancipatrice ? À cette question Roland Gori, psychopathologue et universitaire, répond en analysant la difficulté de l’acte de création dans un monde marqué par la taylorisation de tous les métiers, la dépossession des savoir-faire induite par une bureaucratisation aigüe. Il dénonce concernant l’I.A. la possibilité d’un totalitarisme culturel en gestation, sorte de colonisation décivilisatrice. Pourtant créer reste un acte de résistance, l’histoire de tous les captifs en témoigne.
S’ensuit la nécessité d’étudier la transformation du travail comme un défi culturel. Gérard Mordillat, écrivain et cinéaste, relève que le travail salarié n’est que coercitif, plus que jamais soumis à la loi du marché. Par ailleurs la paupérisation du secteur culturel est flagrante après une extension et une qualification accrue des métiers ces dernières décennies et aucune avancée du droit du travail ne se produit : Maxime Dussau (syndicaliste CGT spectacle) indique que le statut des intermittents n’évolue pas sur des sujets essentiels.
Oser inventer un nouvel universalisme est un autre enjeu. Maryse Tripier, sociologue, constate un racisme institutionnalisé qui limite les libertés et les droits, auquel le monde de la culture n’échappe pas. Ali Babar Kenjah, écrivain, comme Marcellin Nadeau, député, prenant pour exemple La Martinique, dénoncent la créolisation créatrice de colonisation. Reconnaître à tout peuple le droit d’exister au seul titre de l’enrichissement culturel mérite réflexion, au-delà d’arguments économiques ou humanitaires : c’est reconnaître « le droit d’être un homme » au-delà des droits de l’homme.
Jean-Pierre Saez, spécialiste des politiques culturelles, renchérit : toute culture peut être un pont avec d’autres, l’inter-culturalisme s’est généralisé et la culture savante tend à fusionner avec la culture populaire. Mais la notion de démocratisation culturelle doit évoluer après un échec relatif car trop « descendante » ; le rôle des créateurs est essentiel dans l’éducation artistique et culturelle, celui d’une politique culturelle ferment de politique sociale et relationnelle aussi. Ainsi peut être apportée une réponse à la question posée : quelle place pour l’humain dans l’humanité de demain ?
Marion Mazauric, éditrice, souligne l’apport de la science-fiction, exemple d’un imaginaire critique et progressiste. De son côté Aurélie Biancarelli, chercheuse, élue à Marseille, souligne la nécessaire appropriation du savoir sous toutes ses formes, du contrôle de ses productions, de l’exercice permanent d’esprit critique afin d’en permettre la maîtrise démocratique.
En conclusion, Patrick Le Hyaric et Alain Hayot (responsable culture du PCF), ont rappelé les enjeux à venir : comment faire face à la montée des nationalismes et des populismes qui tendent à imprégner les consciences ? Comment inventer un monde des communs ? Quelles politiques publiques de la culture ? Quels mouvements populaires autour et avec les créateurs, acteurs culturels, intellectuels, afin de cheminer vers un monde plus humain ?
Caroline Durand, pour la Commission culture du PCF 31